mercredi 22 mai 2013

Les pompiers de plus en plus sollicités mais moins pour sauver la vie


Moins d’incendies, moins d’accidents de la route mais plus d’interventions d’ordre social: les pompiers sont de plus en plus sollicités pour des «non urgences», parfois très éloignées de leur coeur de métier. «Jusqu’à faire le samu social», dit un dirigeant des pompiers.
«A la campagne, les médecins se déplacent moins qu’avant», affirme le docteur Jean-Paul Rosati, pompier dans l’Allier. «Une dame un peu essoufflée peut avoir le réflexe de se tourner vers les pompiers. Comme, pour nous, ça peut toujours être grave, on envoie un véhicule» même si au final il n’y a «pas grand chose».
«Il y a beaucoup d’interventions qu’on considère comme de la +bobologie+. C’est-à-dire que la personne aurait pu prendre sa voiture pour aller à l’hôpital», résume Sylvain Goujard, expert psychologue des pompiers dans le Rhône.
En ville, «quand on intervient pour récupérer un SDF sur la voie publique, on répond à une mission de service public que plus personne ne veut faire», déclare le colonel Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), en marge des journées scientifiques européennes du service médical des sapeurs-pompiers à Bourg-en-Bresse.
Il y a dix ans, en 2002, les incendies et les accidents de la route représentaient 31% des interventions des pompiers. En 2011, ce ratio a été divisé par deux. Pourtant, le nombre des interventions n’a cessé de croître: en France, les pompiers «interviennent» toutes les 7,4 secondes. Mais de moins en pour «sauver ou périr» pour reprendre la devise des pompiers de Paris.
«Les pompiers font le travail des ambulanciers»
Il n’existe pas à proprement parler de chiffres pour mesurer les interventions «non urgentes» des pompiers. Mais les «malaises ou maladies à domicile par situation de carence» ont doublé. Concrètement, cela veut dire que de plus en plus, «les pompiers font le travail des ambulanciers», note un pompier alors que, normalement, ce qui concerne la médecine ambulatoire revient aux ambulanciers.
«On est de plus en plus à la frontière de l’urgence vitale et de la permanence de soins. Mais la permanence de soins, nous ne sommes pas faits pour ça», dit le docteur Rosat.
«On est de plus en plus sollicités en tant que service public ultime, parfois pour des misères sociales, comme si on était le samu social», affirme Patrick Hertgen, vice-président chargé du secours à la personne à la FNSPF. «Ca peut être notre rôle mais aujourd’hui on est financés et dimensionnés pour faire de l’urgence», souligne-t-il.
«Quand les gens sont en difficulté, c’est notre mission. Si personne ne vient, qu’est-ce qui va se passer ?», demande le colonel Eric Faure. «Il y a un besoin et la précarité sociale ne va pas y mettre fin. La question dès lors est de savoir comment mieux s’organiser pour y faire face. Peut-être y a-t-il besoin de moins de pompiers sur certaines interventions ?», demande-t-il.
Le social, «c’est de plus en plus fréquent, mais ça fait partie de nos missions», assure Sandrine Ferber, infirmière à Colmar et membre du conseil national des sapeurs pompiers volontaires. «Donner à manger au chat d’une petite vieille avant de l’emmener à l’hôpital, parce que c’est une source d’inquiétude pour elle, c’est une partie intégrante de notre mission.»
«Le problème, c’est que nous sommes formés pour intervenir sur des risques vitaux», affirme le pompier psychologue Sylvain Goujard. «Quand on intervient sur une personne en alcoolémie élevée, nos outils de secouristes ne sont pas efficients et donc on agit en fonction de notre intuition».

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